J’ai reçu le résultat de mon test : il est positif !
Depuis combien de jours suis-je en quarantaine ? Depuis le vendredi 13 mars 2020.
J’avais entendu parler de ce nouveau coronavirus depuis un certain temps. En tant qu’infirmière, je me fais un point d’honneur de me tenir au courant des nouvelles dans le domaine de la santé. Mes collègues et moi en avions beaucoup parlé.
Cependant, j’étais à l’autre bout du globe, au loin.
Pendant des mois, j’avais planifié un voyage en Europe. Le 2 mars, j’étais en route pour visiter Lisbonne, Amsterdam, Dublin et Barcelone.
Je ne me suis jamais rendue à Barcelone.
Notre avion en direction de Lisbonne était presque vide ; plus de place pour nous ! J’ai nettoyé tout ce qui était autour de moi avec un désinfectant, j’ai lavé mes mains de façon compulsive et j’ai pris des suppléments de vitamine pour mon système immunitaire.
Lisbonne était superbe. Amsterdam était une aventure. Dublin s’est fait interrompre.
Nous avons été réveillées tôt le mardi matin — à 1 h 30 — pour apprendre que les États-Unis avaient décidé d’annoncer une interdiction de voyager, sans autres précisions. À ce moment-là, le COVID-19 avait déjà commencé à faire les gros titres et une pandémie avait été déclarée. L’Espagne était sur le point de se mettre en confinement. La quantité de cas confirmés augmentait graduellement en Irlande. Encore endormies, mais avec un sentiment de panique grandissant, nous avons décidé de retourner aux États-Unis et avons énergétiquement cherché à trouver un vol qui pourrait nous rapatrier.
Après presque 24 heures de voyage sans sommeil, sous le choc des prix astronomiques des billets d’avion et épuisées, nous sommes arrivées à la maison, en santé.
Le matin suivant, j’étais tellement fatiguée que je pouvais à peine bouger. J’étais congestionnée, mais je me suis dit que les allergies saisonnières et le voyage devaient en être responsables. Je ne faisais pas de fièvre. J’ai envoyé un courriel à mon employeur pour savoir quand je pouvais rentrer travailler. Après tout, il y avait une pandémie ; tout le monde aurait certainement besoin d’être à son poste.
On m’a dit que j’étais en congé médical pendant 14 jours à cause de mes déplacements et que je devais noter tous mes symptômes, si j’en avais, pour un suivi éventuel. Plus tard dans la journée, j’ai commencé à tousser. J’ai déniché un thermomètre pour réaliser que j’avais une fièvre légère. Bien sûr, je ne pouvais pas être au meilleur de ma forme avec le transport et le manque de sommeil.
J’ai pris toutes les précautions possibles. Mes mains étaient lavées et frottées aussi souvent que lorsque je travaille. Tout irait bien. J’ai décidé de m’accorder quelques jours pour guérir. J’étais déjà en isolement et tout se terminerait bientôt.
Les jours suivants, j’étais terriblement fatiguée, congestionnée et fiévreuse. Je toussais et ma poitrine se resserrait. Par moments, j’étais à bout de souffle. J’ai réussi à trouver mon oxymètre (être infirmière apporte certains avantages) pour évaluer mon niveau d’oxygénation et mon rythme cardiaque. Mon taux d’oxygène était normal, mais mon pouls au repos était élevé.
Quand j’ai noté ces données dans le système, je me suis dit en riant : « Ils vont penser que j’ai le COVID-19 ! »
J’ai reçu un appel un peu plus tard de notre spécialiste en prévention d’infections. J’avais déjà travaillé avec elle sur plusieurs cas ; c’était presque un soulagement d’entendre sa voix. Avec un ton plus sérieux que d’habitude, elle m’a dit :
« Je crois que tu devrais être testée pour le COVID-19. Je transfère ton cas au département de la santé. En attendant, j’aimerais que tu contactes ton médecin de famille pour qu’on puisse éliminer la possibilité que ce soit une grippe, et faire un test de capacité pulmonaire. Il est possible qu’on ne te laisse pas venir au bureau. Si c’est le cas, demande s’il est possible d’être testée sans prescription. Fais-moi savoir ce qu’on te dit. Je te laisse mon numéro de cellulaire ; téléphone ou texte à toute heure. »
J’ai bloqué toutes émotions et je me suis mise en mode infirmière professionnelle. Du bureau de mon médecin, on m’a transférée sur une ligne d’appel pour le COVID-19 et j’ai pu parler à une infirmière de triage. Elle m’a dit à quel endroit me rendre. J’y suis allée. On m’a testée. Puis, j’ai attendu.
Moins de 24 heures plus tard, la spécialiste en prévention d’infection m’a rappelée et m’a dit que mon test était positif. J’étais sous le choc. J’ai parlé avec le comité des maladies infectieuses. Des médecins que je connaissais m’ont demandé de décrire mes symptômes, m’ont conseillée sur le traitement, m’ont expliqué quand je devais me rendre aux urgences au besoin et m’ont suggéré des méthodes supplémentaires pour l’isolement.
EST-CE QUE C’ÉTAIT POSSIBLE ?
Les jours suivants furent cauchemardesques et remplis des mêmes symptômes. Je ne savais plus si mon cas allait empirer. J’ai lu tout ce que j’ai pu sur les faits entourant le COVID-19 — exactement ce que je recommande aux autres de ne pas faire. Je ne pouvais pas m’empêcher de regarder.
Une quarantaine indéfinie signifiait que non seulement j’avais ce covirus qui évoquait la peur dans le monde entier, je ne pouvais plus aller travailler et j’ignorais quand cela se terminerait.
Je réalise que j’ai désespérément besoin des gens, de contacts physiques et d’interaction humaine. J’ai été conçue pour la vie en communauté.
Je croyais que l’isolement et la quarantaine seraient plus faciles à vivre. Comme je suis introvertie, je pensais que ma vie m’avait préparée à ce genre de situation. Cependant, je réalise que j’ai désespérément besoin des gens, de contacts physiques et d’interaction humaine. J’ai été conçue pour la vie en communauté.
Ce n’est qu’à la deuxième semaine, lorsque mes symptômes ont commencé à diminuer, que mes sentiments se sont dévoilés. J’étais en douleur, en souffrance, en deuil à cause :
- De la perte de contrôle
- Du sentiment d’être la malade au lieu d’être l’infirmière
- De la réalisation de ne pas pouvoir travailler
- De la fin abrupte de mon voyage
- De l’isolement
- Du repos forcé
La liste pourrait être plus longue encore.
Je me lamentais de la perte de ce qui avait été et qui n’était plus.
Liberté. Santé. Communauté.
J’ai toujours des symptômes, mais je suis sur le chemin de la guérison. Je suis reconnaissante. J’ai reçu plus de gentillesse, d’amour et de support dans les deux dernières semaines que jamais auparavant. Je m’adapte toujours à ce qui était, ce qui est et ce qui sera, mais j’ai confiance. Je sais que je ne suis pas au contrôle ; il y a la paix, la bonté, la grâce et la destinée.
Le plus important — et ce n’est rien de nouveau — il y a l’espoir d’une restauration future de tout ce qui est brisé, que ce soit des choses, ou des sentiments.
Nos accompagnateurs ne sont pas des thérapeutes, mais des gens ordinaires qui en accompagnent d’autres dans leur cheminement, avec compassion et respect.
De tels défis peuvent sembler insurmontables. Si tu songes à te blesser ou à blesser une autre personne, veuille lire ceci!
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