COMMENT PUIS-JE VIVRE SANS MON PÈRE ?
Comme pour beaucoup de petites filles, mon père était mon héros et mon chevalier servant. Il était mon meilleur ami, mon défenseur et mon confident. Il a été mon premier amour.
Alors que je n’avais que 8 ans, mon père a reçu son diagnostic : insuffisance rénale et pulmonaire. Il était habituellement confiné au lit. Souvent, son état se détériorait tellement que nous devions l’emmener à l’hôpital en pleine nuit. J’avais l’impression d’être constamment à l’hôpital, à son chevet. Ce n’était pas facile pour nous de le voir mourir petit à petit, chaque jour. Quelque part au fond de moi, je priais pour un miracle et j’espérais. J’avais besoin qu’il reste en vie ; même s’il ne le faisait pas pour les autres, il fallait qu’il le fasse pour moi ! Malheureusement, son état s’est aggravé graduellement.
Le premier jour de mes vacances d’été, je me suis précipitée à la maison, heureuse de pouvoir passer mon temps avec lui au lieu d’être en classe. Ce fut le jour de sa mort.
Nous avons ouvert la porte de notre maison vers 20 heures ce soir-là, et beaucoup de gens sont venus. L’atmosphère était triste. Plusieurs exprimaient leur douleur par des gémissements et certains s’évanouissaient. Mon père avait été le soutien financier de toute la famille, y compris ses frères et sœurs aînés et ses parents. Nous étions maintenant tous livrés à nous-mêmes. Son corps sans vie a été ramené à la maison pour les derniers rites funéraires et nous l’avons enterré deux jours plus tard.
Soudainement, j’ai compris que mon père n’était plus là.
Tout est arrivé si vite, je ne savais pas comment réagir. La petite fille que j’étais croyait naïvement qu’il ne tarderait pas à revenir — pas le jour même, mais au bout de quelques années.
Ma mère nous a serrés contre elle, mes frères et moi. Alors qu’elle essayait de nous expliquer le concept de la mort, je refusais de l’entendre dire que j’avais perdu celui que j’aimais plus que tout !
L’adaptation a été difficile après la mort de mon père. Nos vies n’ont plus jamais été les mêmes. Nous n’avions que notre mère pour subvenir à nos besoins. Elle devait travailler très dur pour nous envoyer à l’école et mettre de la nourriture sur la table. Nous n’avions pas beaucoup d’argent et nous avions vite perdu tout espoir. Les moments de joie étaient devenus rares. Nous ne savions pas comment surmonter cette tragédie et faire face à la vie qui nous attendait.
Je me souviens que j’allais parfois dans sa chambre pour écouter les émissions du samedi matin ; c’était notre coutume. Puis, je réalisais soudainement qu’il n’était plus là. Je retournais dans ma chambre y pleurer pendant quelques heures, puis je sortais du lit continuer le reste de ma journée, sans motivation. La vie avait perdu ses couleurs. Les souvenirs s’attardaient.
À chaque étape de ma vie, je ressentais des émotions inexplicables — la principale était la douleur. J’avais besoin des conseils et des opinions de mon père sur mes choix de carrière ou mes relations amoureuses. L’amour de cet homme me semblait plus précieux que l’or et j’aurais désespérément voulu avoir une simple conversation avec lui. Je pleurais souvent pour m’endormir la nuit. Chaque fois qu’un souvenir de mon père surgissait, j’avais l’impression que mes blessures se rouvraient pour saigner à nouveau. Plus rien ne m’enthousiasmait : de nombreux murs se sont dressés devant moi. J’ai commencé à avoir de la difficulté à faire confiance aux autres et j’ai développé une faible estime personnelle. Je ne savais pas comment vivre ma vie et en tirer le meilleur parti.
Chaque fois que j’avais l’impression d’avoir besoin de mon père, je pleurais. Pendant près de 20 ans de ma vie, je n’ai jamais laissé ces sentiments me quitter. Ma vie était littéralement au point mort ; je ne m’attendais plus à ce qu’elle m’apporte autre chose que de la douleur.
Puis, un ami m’a partagé quelque chose de touchant sur la guérison du deuil : guérir ne correspond pas à la perte des souvenirs ou de l’amour qu’on porte à un être cher. Non ! Guérir, c’est vivre volontairement sa vie en son honneur. On n’arrête pas de vivre parce qu’on a perdu quelqu’un qu’on aime. On cherche à cheminer d’une façon qui respecte cette personne, tout en honorant l’impact qu’elle a eu sur nous.
Si tu as perdu un être cher et que tu trouves le deuil difficile, sache que d’autres passent aussi par là. La guérison est possible, mais il faut parfois la désirer et y travailler. Parfois, le fait d’en parler peut aider. Ce site internet offre la possibilité de rentrer en contact avec des gens qui sont là pour lire ton histoire et cheminer avec toi vers la guérison. Tu n’as qu’à remplir le formulaire et quelqu’un entrera en contact avec toi sous peu.
Nos accompagnateurs ne sont pas des thérapeutes, mais des gens ordinaires qui en accompagnent d’autres dans leur cheminement, avec compassion et respect.
De tels défis peuvent sembler insurmontables. Si tu songes à te blesser ou à blesser une autre personne, veuille lire ceci!
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