TROP EFFRAYÉ POUR ESPÉRER

Paola : Notre résolution du Nouvel An pour 2015 était d’avoir un enfant. Cela peut sembler simple pour certains, mais pour nous c’était un défi de taille. Nos possibilités n’étaient pas très grandes.

Camilo : Les chances que nous ayons un enfant étaient presque nulles. Quand j’avais dix-huit ans, je suis sorti faire un tour avec un ami lorsque notre voiture a été percutée. Elle a fait des tonneaux et j’ai été immobilisé au sol avec la moitié de mon corps encore à l’intérieur de la voiture. Ma colonne vertébrale a été endommagée et je suis maintenant paralysé de la poitrine en descendant. Les couples luttent contre l’infertilité pour différentes raisons, mais pour nous, c’est à cause de ma paraplégie.

Paola : Lorsque nous nous sommes fréquentés et fiancés, je savais qu’on ne pourrait probablement jamais avoir d’enfants. Je ne voulais pas vivre la déception, alors je ne me suis jamais permis d’espérer. La vie n’était pas mal. Nous profitions de notre vie ensemble. C’était naturel pour ma sœur aînée d’avoir des enfants avant moi. Même lorsque ma sœur cadette a eu son premier bébé, je m’en suis réjouie, mais quand elle a eu son deuxième il y a quatre ans, c’est là que ça m’a vraiment frappé : « Je veux vraiment avoir une famille. Si je ne fais pas quelque chose rapidement, il sera trop tard. J’aurai bientôt 40 ans. » J’ai beaucoup pensé à fonder une famille, mais je craignais d’entretenir de faux espoirs étant donné que les chances étaient très faibles.

Camilo : C’est à ce moment-là que nous avons commencé à vérifier nos options pour la fécondation in vitro. Nous avions de bons emplois, alors nous avons commencé à économiser tout l’argent supplémentaire que nous gagnions. Nous savions que toutes nos économies seraient investies dans quelque chose qui pourrait ne pas fonctionner.

J’ai beaucoup pensé à fonder une famille, mais je craignais d’entretenir de faux espoirs.

Paola : C’était un placement à haut risque. L’argent aurait pu être utilisé pour une mise de fonds pour notre première maison. Nos chances de succès étaient très, très faibles. Mais je ne voulais pas regarder les murs d’une grande maison un jour en me rappelant constamment que nous n’avions jamais essayé — que j’aurais pu avoir un bébé.

Camilo : J’ai eu une procédure spéciale dans une clinique pour extraire mon sperme. On m’a prélevé trois échantillons, mais les nouvelles n’étaient pas encourageantes. Seulement quelques spermatozoïdes par million étaient en vie, mais ils n’avaient pas de mobilité. On m’a dit que les chances étaient très faibles, mais qu’on pouvait faire une tentative. Le spécialiste en fertilité a suggéré une procédure délicate qui pourrait compenser. Sachant que nos possibilités étaient presque nulles, nous avons choisi l’une des meilleures cliniques de fertilité, même si cela nous coûtait plus cher.

Paola : Quand on m’a expliqué le processus que je devais suivre, j’ai eu très peur; je devais recevoir plusieurs injections d’hormones pouvant causer beaucoup d’effets secondaires. Je me suis dit : « Et si je passe au travers de tout ça et que ça ne marche même pas? » Nous avons donc attendu un an de plus. Puis, vint le mois de janvier lorsque nous avons pris la résolution du Nouvel An d’avoir un enfant.

Dès le début, j’ai dû prendre beaucoup de médicaments visant à augmenter la libération d’ovules matures. J’étais vraiment inquiète à cause des effets secondaires, mais mon corps a très bien accepté les traitements préparatoires. J’ai produit vingt-huit œufs qu’ils ont été extraits. Dix de ces œufs étaient de piètre qualité, ce qui en laissait dix-huit viables. Le médecin a fécondé dix ovules avec du sperme et les huit autres ont été congelés au cas où la première procédure ne fonctionnerait pas.

Puis, on a attendu les appels téléphoniques. Dès le premier, on nous a dit que sept embryons étaient morts. Deux jours plus tard, nous avons appris qu’un autre était décédé. Il n’en restait que deux. Le cinquième jour, ils ont rappelé. Il n’y avait plus d’embryons vivants.

Ce fut le pire moment que j’ai vécu. J’étais dévastée et déprimée. Je me sentais vraiment désespérée. Je ne savais pas si je pouvais recommencer tout le processus.

Camilo : C’était aussi mon épisode le plus sombre. J’avais pris l’habitude d’accepter mes limites, mais à ce moment-là, j’ai dû faire face à de nouveaux sentiments d’échec : de ne pas être assez homme ou assez bon, de ne pas être capable de lui donner une famille comme elle le voulait. Elle était si blessée et triste et je ne pouvais pas la rendre heureuse.

Paola : Mais nous ne désirions pas abandonner, alors nous avons réessayé avec du sperme frais. Dans cette deuxième étape, j’essayais vraiment de protéger mon cœur, de ne même pas penser à avoir des enfants. Je leur ai dit de ne pas me téléphoner, mais d’appeler Camilo. J’ai décidé d’aller visiter des membres de ma famille pendant l’attente. J’avais vraiment peur d’entendre à nouveau de mauvaises nouvelles.

Camilo : Une fois qu’ils ont fécondé les huit œufs restants, j’ai attendu les appels téléphoniques. « Cinq sont morts… Deux autres sont morts… Il n’en reste qu’un. »

Paola : Puis le médecin m’a appelé directement. Il était très excité : « C’est bon! L’embryon est vraiment de très bonne qualité. » Camilo m’a appelé et m’a dit : « Tu ferais mieux de revenir vite pour qu’ils puissent l’implanter! »

De retour au pays, on m’a donné d’autres médicaments pour préparer mon corps à accepter l’embryon congelé. Lorsque le jour est arrivé, en octobre, nous avons vu sur un écran l’embryon placé dans mon utérus. Il y avait ce qui ressemblait à des bulles quand la seringue a été injectée. Le docteur a dit que notre embryon progressait comme prévu. Ensuite, c’était à mon corps de l’attacher à la paroi de mon utérus. Les médecins ne peuvent pas faire ça. Nous devions attendre trois jours pour savoir si j’étais vraiment enceinte.

Et je l’étais! Mais on nous a dit qu’il fallait patienter trois mois avant de pouvoir dire avec confiance que nous attendions un bébé et de pouvoir l’annoncer aux gens.

Nous devions attendre trois jours pour savoir si j’étais vraiment enceinte.

Camilo : Nous prenions les choses un jour à la fois, en essayant de ne pas avoir de grands espoirs. Nous étions constamment effrayés et nerveux. Les chances à ce moment-là étaient encore d’environ 50/50. Après chaque rendez-vous, quand ils disaient : « Tu es toujours enceinte », nous poussions un soupir de satisfaction.

Il s’est avéré que le délai de trois mois était le 31 décembre 2015. Notre résolution du Nouvel An s’est réalisée le tout dernier jour de l’année!

Paola : C’était le plus beau jour de ma vie. C’était un grand soulagement et tant de joie. Nous devions quand même le prendre jour après jour, mais ce n’était pas aussi stressant. On pourrait se détendre et partager les nouvelles! Il y a eu beaucoup de complications avec ma grossesse, mais notre fille est entrée dans notre vie le 9 juillet 2016. Elle a maintenant six mois.

Le fait d’avoir un groupe de soutien composé de membres de la famille et d’amis nous a été d’une aide incroyable au cours de notre voyage. Nous avons pu partager nos espoirs, nos craintes et nos doutes ce qui a rendu les choses beaucoup plus faciles à supporter. L’infertilité peut être très difficile à partager ouvertement. Si vous vous sentez seul individuellement ou en couple dans cette lutte, sachez que vous n’avez pas à continuer seul. Si vous remplissez les informations ci-dessous, un membre de l’équipe de tutorat prendra contact avec vous dans les plus brefs délais pour vous accompagner dans votre voyage.

Nous sommes là pour vous. Parlez à un mentor, c’est confidentiel!

Source de la photo Rudolfo Mari

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