Une recette pour l’échec

Jeune adulte, j’ai commencé à souffrir de migraines. Je me souviens d’un après-midi particulier, allongé sous mon bureau à cause de douleurs atroces; j’ai ingurgité une poignée d’antidouleur pour ensuite aller m’étendre. J’ai eu mal pendant deux jours. La douleur s’est estompée graduellement, mais pas pour longtemps.

Chaque mois, ces migraines débilitantes revenaient. Après plusieurs semaines, j’ai consulté un médecin qui m’a injecté de la morphine et m’a renvoyé à la maison avec un lot d’analgésiques. Après avoir dormi tout l’après-midi, je me suis réveillé en pleine forme. Le lendemain, j’ai essayé un nouveau médicament… Quelle belle découverte! Les comprimés provoquaient chez moi un sentiment de bien-être et faisaient disparaître ma douleur. Que pouvais-je demander de plus? Au cours de l’année suivante, j’ai commencé à en prendre dès les premiers signes d’une migraine. Petit à petit, j’en suis venu à en consommer pour le moindre problème que je rencontrais : lorsque je n’arrivais pas à dormir, lorsque je me sentais anxieux ou lorsque qu’un malaise quelconque survenait.

Un jour, je me suis présenté à la pharmacie pour faire renouveler une ordonnance avant sa date d’échéance. Lorsque mon pharmacien me l’a mentionné, j’ai décidé de légèrement déformer la vérité et il a accepté de me vendre ce que je demandais.

À partir de ce moment, j’ai tenté de découvrir des stratégies pour acquérir le plus grand nombre de comprimés possible. Je consultais différents médecins et je me rendais dans des diverses pharmacies pour multiplier mes achats. Aux yeux de tous, j’étais un homme bien, diplômé d’un collège bien connu et un jeune marié.

Cependant, je réalisais que quelque chose n’allait pas : je mentais aux médecins, aux pharmaciens et à mon épouse. Je savais aussi que lorsque j’étais en manque de ce médicament, je souffrais de symptômes de sevrage intenses, tant physiques qu’émotionnels. Quand je réussissais enfin à en trouver, je redevenais le bon vieux Dave.

Je réalisais que je souffrais de dépendance, mais personne d’autre ne semblait le remarquer. Comme j’étais enseignant, entraîneur et responsable d’un groupe pour la jeunesse, les gens croyaient mes mensonges. Ma femme m’en parlait de temps à autre, mais elle savait aussi que je souffrais atrocement sans analgésique.

Un nouvel antidouleur est arrivé sur le marché comme une solution de remplacement moins addictive que ce que je prenais. Un de mes médecins, qui avait accès à beaucoup d’échantillons, m’a donné environ 50 comprimés à essayer. Le médicament soulageait ma douleur sans me mettre en état d’extase; ma consommation restait donc inaperçue.

En moins d’un an, je ne pouvais plus m’en passer, ne serait-ce que pour 24 heures.

Un jour, ma femme a découvert que j’avais accumulé une dette qui équivalait à quelques semaines de travail pour acheter des analgésiques et elle m’a proposé une cure de désintoxication. Honnêtement, cela m’a soulagé. Je n’avais plus à lui mentir. J’avais toujours espéré obtenir de l’aide, et je désirais arrêter — mais jamais assez pour commencer le processus. Je ne voulais pas assumer les conséquences de ma toxicomanie, mais les effets bénéfiques des comprimés me faisaient hésiter.

Cependant, je réalisais que quelque chose n’allait pas : je mentais aux médecins, aux pharmaciens et à mon épouse. Je savais aussi que lorsque j’étais en manque de ce médicament, je souffrais de symptômes de sevrage intenses, tant physiques qu’émotionnels.

Malheureusement, je n’ai pas avoué tout de suite à ma femme l’ampleur de ma dépendance. J’ai plutôt cherché à apprendre ce qu’elle en savait, pour ne pas avoir à tout lui révéler. Ma conjointe et moi pensions que le traitement de détoxification règlerait tout, mais ce n’était pas le cas.

Pendant mon absence, mon épouse a découvert l’envergure de nos dettes. À mon retour, j’ai eu à affronter cette situation stressante. J’ai donc recommencé à consommer des analgésiques et, en moins de six mois, j’en prenais de nouveau entre 20 et 30 par jour.

Pendant trois ans encore, j’ai continué à jouer la comédie. Je savais que je mentais régulièrement à mon épouse. Cependant, je réalisais aussi qu’en n’utilisant pas de médicaments, je me sentais misérable. Ce n’est que lorsque j’ai perdu mon travail à cause de ma dépendance que j’ai eu à avouer la profondeur de mon problème à ma femme. Je lui ai dit, « Je viens d’être licencié parce que je suis toujours dépendant à ces pilules. » Bien qu’elle ait été furieuse, elle n’a jamais eu l’intention de me quitter.

Ma période de sevrage m’a laissé faible. Je n’arrivais même plus à accomplir de simples tâches ménagères. Je me rappelle la pensée qui me revenait continuellement à l’esprit : « Je vais attendre cinq minutes et à la fin de ce délai, je vais découvrir un moyen d’obtenir des pilules. » Par contre, lorsque ces minutes étaient passées, je me disais : « Je peux endurer cela encore cinq minutes. » Cette lutte intense a duré environ quinze jours; après quoi, la dépendance physique a fini par cesser et j’ai commencé à reprendre mon quotidien graduellement.

J’ai miraculeusement trouvé un poste auprès d’un organisme sans but lucratif seulement quelques semaines après mon licenciement. C’était un emploi de rêve. Pour la première année, j’arrivais à peine à me concentrer et pourtant les choses ont fonctionné. J’ai été promu tous les six mois; à mon départ, j’étais gérant.

Tranquillement, je me suis adapté à ma nouvelle vie. Je suis toujours tenté par les moyens faciles d’échapper à l’inconfort donc je continue d’aller aux rencontres pour toxicodépendants. Cependant, au cours des huit dernières années je n’ai pris aucun comprimé contre la douleur. Comme par miracle, je n’ai plus de migraines.

Mon histoire est un peu différente de certains toxicomanes parce que j’ai eu le privilège d’avoir le support de ma famille et d’autres gens qui m’aimaient. Quand j’ai touché le fond, je n’avais pas encore coupé tous mes ponts, mais je j’étais à deux doigts de tout perdre.

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