Question: Il y a un an, je suis tombé sur un site porno. Aujourd’hui, je ne peux plus m’en passer. J’aime ma femme, et je ne suis pas un détraqué sexuel. Que dois-je faire?

Hé bien, tu en as du courage pour poser une telle question. Ce n’est pas facile de livrer sa vie intime dans de tels propos à un tiers. Ton courage me montre ta détermination à te sortir de la porno-dépendance, et ça, c’est bien! Je vois un élément positif dans ton histoire personnelle. Quand la porno-dépendance est récente, elle est plus facile à traiter.

J’aide personnellement des jeunes qui sont dépendants depuis 5, 10 ou 15 ans et ce n’est pas rare. Certains ont vu un film porno sur la télé de leur parent; ça commence souvent comme ça. À cinq ans ou six ans, et ils n’ont pas cessé depuis de visionner des images pornographiques. Or, il faut savoir qu’à cet âge-là, les troubles occasionnés sont semblables à ceux que provoquent les agressions sexuelles.

Cher ami, pourquoi est-ce que tu as besoin de visionner des images pornographiques? Est-ce que c’est parce que tu es déçu par ta compagne et de vos relations intimes, si vous en avez? Ou alors, est-ce seulement à cause de problèmes intérieurs personnels qui n’ont rien à voir avec ta vie de couple? Il t’appartient, au-delà de ta vision morale ou spirituelle des choses, de chercher et de trouver les racines de ton problème.

La porno-dépendance, c’est vraiment un substitut de l’amour, c’est un placebo destiné à te calmer face à des troubles affectifs, sexuels ou psychologiques. On angoisse, on ne va pas bien et alors, on compense par le plaisir immédiat et qui plus est, à portée de main puisque atteignable en quelques clics sur Internet. Ce plaisir est compulsif, « C’est plus fort que moi » me disait un ami le mois dernier. Pose-toi ces questions : que m’arrive-t-il avant de visionner ces images pornographiques? Avant d’aller sur l’ordinateur? Pendant que je le fais, que se passe-t-il? Et après l’avoir fait? Note sur une feuille des mots clés relatifs à ce qui se passe pendant ces trois périodes. Et essaye de trouver le pourquoi de ces choses. Est-ce que tu es complexé et timide? Est-ce que tu manques d’assurance dans ta vie de tous les jours? Est-ce que tu te sens rejeté, mal aimé? Tu as peut-être une faible estime de toi? Une confiance en toi très pauvre? Autant d’éléments qui pourraient te précipiter vers une piqûre immédiate de plaisir sexuel, pour ressentir un influx mental très fort et calmer ton angoisse.

Es-tu un rêveur, un idéaliste? Un perfectionniste qui a besoin de calmer ses déceptions de la vie ici-bas en entrant dans des fantasmes de toutes sortes, dont ceux relatifs à une sexualité débridée, voire perverse?

Le fait de mieux te connaître, tel que tu es, dans tes qualités et tes défauts, dans ta pauvreté et richesse intérieure te permettra — j’en suis convaincu — de faire un bilan juste sur ta vie et tes problèmes. Je dis à tous les porno-dépendants : reconnais ta fragilité, supprime le cas échéant la connexion internet de ton domicile et au bureau, tourne l’écran face à la porte d’entrée. Si nécessaire, et je le recommande, choisis un confident, un référent dans ton entourage à qui tu rendras volontairement des comptes chaque semaine et qui t’aidera bien sûr à t’en sortir, sans te juger ou te culpabiliser, sans exercer de pression; ce n’est pas son rôle. Tu peux aussi installer un filtre dans ton ordinateur qui bloquera l’accès aux films pornographiques.

Si tu t’es ouvert sur ce problème à ta compagne, rassure-la en lui disant que tu l’aimes, et que tu mets tous les moyens en œuvre pour t’en sortir. Entoure-la, il ne faut pas seulement lui dire des paroles. Passe plus de temps avec elle. Ayez des activités associatives, faites du sport ou occupe-toi des enfants si vous en avez. Ça sera autant de temps gagné pour réaliser les belles choses pour lesquelles tu es destiné dans ta vie d’homme, d’époux et de père.

Retiens ceci, c’est fondamental : Une victoire s’obtient après de nombreuses défaites. L’essentiel, c’est de ne pas rester à terre, il faut toujours, toujours se relever.

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Auteur de cet article: philippe-auzenet