C’est incroyable, ce que nous acceptons comme vérité si nous l’entendons assez souvent!
Permettez-moi d’offrir un exemple :
Une femme décide de prendre le risque d’essayer une coupe de cheveux très différente. Elle trouve son nouveau style fabuleux. Elle se rend au travail le lendemain dans sa tenue préférée en ayant l’impression d’être au top de la mode. Elle est tellement contente d’avoir pris cette décision... quel choix brillant! Elle arrive au lieu de son emploi et quelqu’un se tourne vers elle et réagit à sa coupe. « Quel drôle d’idée! Qui a choisi cette coupe? » La femme se passe les mains dans ses cheveux et se dit qu’elle donnerait n’importe quoi pour un chapeau. Elle se sent horrible. Qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête?
L’estime de soi est un problème pour de nombreuses personnes. Ce qui est étonnant, c’est non seulement la rapidité avec laquelle nous acceptons le jugement des autres, mais surtout l’ampleur de notre manque de confiance en nous-mêmes. Pour moi, cela a commencé alors que j’étais adolescente et qu’un groupe de quatre ou cinq garçons m’ont répété chaque jour que j’étais stupide et laide. Je les ai crus. Cela m’importait peu que je vienne d’un foyer où les deux parents s’aimaient encore et où il y avait un apport constant d’amour et d’encouragement. Mes notes étaient excellentes et j’avais un meilleur ami qui me soutenait depuis l’école primaire, mais tout cela n’entrait pas dans l’équation. On m’a dit que je n’avais aucune valeur et je l’ai cru de tout mon cœur. Mon estime de soi était des plus faibles et cela m’a presque tuée.
QU’EST-CE QUE L’ESTIME DE SOI?
L’estime de soi est assez difficile à définir. Au-delà du sentiment d’être bien dans sa peau, d’être fier de ses réalisations ou d’aimer ce que l’on voit dans le miroir, l’estime de soi se rapporte à la façon dont on définit sa propre valeur. Dans son livre, Foundations of Psychopathology, le Dr John Nemiah définit l’estime de soi comme « la capacité de se considérer comme ayant de la valeur ».
Nous avons tendance à regarder l’équation à l’envers. Nous pensons que notre apparence dicte notre niveau d’estime de soi alors qu’en fait, c’est notre estime de soi — notre capacité à nous considérer comme ayant de la valeur — qui dicte notre façon de réagir au visage dans le miroir.
L’IMPACT D’UNE FAIBLE ESTIME DE SOI
Au fur et à mesure que ma confiance diminuait et que mon estime de soi se détériorait, j’ai cessé de parler en classe, en groupe ou dans les couloirs. Je redoutais l’heure du déjeuner (je n’ai jamais mis les pieds à la cafétéria) et l’idée de faire des présentations en public m’a littéralement rendue malade. Je me suis retirée des autres et j’ai cessé de sourire.
Convaincue que je ne valais rien, je m’angoissais à chaque examen ou devoir, même si mes notes étaient toujours excellentes. Le désir d’être aussi invisible que possible motivait toutes mes actions. Je pensais que je ne pourrais pas être blessée si tout le monde oubliait que j’étais là. J’avais besoin de trouver un moyen de sortir de cette situation, mais je n’entrevoyais rien qui puisse m’aider. Parce qu’à mes yeux, le problème, c’était moi, j’ai commencé à envisager sérieusement le suicide.
Mon expérience est assez commune.
FAIBLE ESTIME DE SOI ET DÉPRESSION
Une faible estime de soi ne mène pas nécessairement à la dépression, mais des études ont démontré que les deux vont souvent de pair. En fait, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mentionne une faible estime de soi dans sa description de la dépression. Un manque de confiance en soi fait de nous notre pire ennemi. Des pensées comme « si seulement j’étais plus jolie », « si seulement j’étais plus sportif », « si seulement j’étais drôle ou populaire », « si seulement j’étais assez fort pour réparer tout le reste » prennent le dessus. Même si nous recevons des éloges, les voix dans notre tête n’en tiennent pas compte. Comme l’a dit un personnage de film : « Les choses négatives sont plus faciles à croire. »
Les symptômes de la dépression étant souvent intériorisés, elle peut fréquemment sembler être une expérience normale, sans importance, due à des fluctuations hormonales. L’OMS a constaté que, dans le monde entier, « moins de 25 pour cent des personnes souffrant de dépression reçoivent des soins appropriés ». Il est crucial de prêter attention au manque d’estime de soi, surtout chez les adolescents, parmi lesquels le suicide est l’une des trois principales causes de décès. Même pour les adultes, une faible estime de soi peut nuire au rendement et à l’avancement au travail ou faire d’eux un partenaire réticent ou un parent inefficace. Le manque d’estime de soi affecte tous les aspects de la vie. C’est écrasant. Le monde est un endroit effrayant quand on ne s’aime plus.
GUÉRISON
Pour moi, la situation à l’école ne s’est pas améliorée. J’ai donc décidé de changer d’école vers l’âge de 16 ans. Les insultes ont cessé, mais j’ai quand même dû me regarder en face. Ce n’était pas en fuyant certaines personnes que j’allais résoudre mon problème. Il faut plus qu’un changement de décor pour retrouver sa confiance en soi — il faut un changement de perspective.
J’ai assisté à une conférence sur l’estime de soi, j’ai lu des livres sur le sujet et j’ai consulté un conseiller. Après avoir fait tout cela, j’ai finalement eu le sentiment d’avoir une valeur personnelle sur laquelle je pouvais m’appuyer. Et c’est ainsi que la guérison a commencé. J’avais enfin de l’espoir. Il a fallu un certain temps pour réparer les dégâts causés par mes expériences passées, mais cela en a valu la peine. En fait, je crois même que je vais prendre rendez-vous chez le coiffeur dès aujourd’hui!
Auteur de cet article: Claire Colvin
Source de la photo: Caique Silva